EDITEUR : DELCOURT
COLLECTION : Stray Toasters
DATE DE PARUTION : Novembre 2004
PRIX A SA SORTIE : 25,00 €
Un psychologue spécialiste du crime, Egon Rustemagik, enquête sur une série de onze meurtres rituels de jeunes garçons. Son enquête le mène à une seconde série de meurtres ; des femmes dont les cadavres sont tous horriblement et étrangement mutilés. Une certitude : les deux séries de crimes sont liées ! Une question : le meurtrier est-il humain ?
Egon Rustemagik est écrivain reconnu et un psychologue specialiste des serial-killers qui a lui même subi un internement psychiatrique orchestré abusivement par sa compagne. Sort-on parfois indemne de ce genre d'expérience ? Pourtant, Egon doit de nouveau enquêter sur des séries de meutres étranges. Lancée en 1989 aux USA sous la forme de 4 comics, cette histoire franchit 15 ans après l'Atlantique grâce à Delcourt, qui a demandé à Sienkiewicz de raliser une couverture inédite pour l'occasion. L'attente se justifie peut être compte tenu de l'objet, l'éditeur ayant à coup sûr hésité longtemps avant de lancer un tel pavé dans la mare.
L'histoire est à première vue classique, voire alléchante pour l'amateur de polars ou de serial-killers. Elle le sera beaucoup moins pour ceux qui se seront risqués à aller au-délà du premier tiers, puisqu'elle intégre alors des genres divers tels la science fiction et le fantastique. Graphiquement, Stray Toasters n'a pas grand chose à voir avec les BD du genre, ni même avec l'immense majorité de la production disponible. En utilisant toutes les techniques possibles, y compris le collage, Bill Sienkiewicz s'attache à reproduire non pas ce qu'on est censé voir, mais ce que ses personnages perçoivent. Et comme on trouve aussi bien un psychotique alcoolique, une amante névrosée, un avocat masochiste qu'un médecin mégalomane, et même des grilles-pains affublés de troubles obsessionnels, le résultat est tout bonnement ahurissant. Il n'y a pas réellement d'unité visuelle, chaque personnage ayant sa propre façon d'interprêter le monde. Seule des voix off transcrivant les pensées de leur auteurs, qu'on identifie au bout d'un moment grâce à un code de couleurs, permettent de conserver un semblant de linéarité dans le déroulement de l'action.